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seau qu’en s’armant contre le frein historique ils imposèrent aux hommes leurs théories, c’est reprocher au siècle entier l’illogisme de ses tendances. On ne peut imposer à un siècle entier certaines théories. On ne peut se débarrasser des théories du siècle. Je ne comprends pas ce que le comte Tolstoï voudrait de la pédagogie. Il se soucie tout le temps du but final, du critérium. S’il n’y en a pas, alors, à notre avis, il n’en faut pas. Pourquoi donc ne se rappelle-t-il pas la vie de chaque individu à part, sa propre vie ? Il est probable qu’il ne connaît pas le but final de son existence ? Il ne connaît pas le critérium général, philosophique, de l’activité de toutes les périodes de sa vie. Et cependant il vit et agit, et il vit et agit seulement parce que, dans l’enfance, il avait un but et un critérium, que dans la jeunesse il en eut d’autres, que maintenant encore il en a de nouveaux, etc. Il a été probablement un gamin espiègle — on connaît bien leur critérium — puis un adolescent mystique, un poète libéral, un acteur pratique dans la vie. Chacun de ces états naturels de l’esprit le forçait d’envisager autrement le monde, d’attendre autre chose, de se guider par d’autres espoirs. Dans ces échanges incessants d’opinion consiste principalement la richesse du développement de l’humanité, soit expérimental, philosophique ou vital. Où le comte Tolstoï voit un défaut de l’humanité et de la pédagogie, leur contradiction, je vois la nécessité, la