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activité de l’homme qui a pour base le besoin de l’égalité et la loi immuable du progrès de l’instruction, et nous avouons que ces paroles, sur lesquelles M. Markov attire particulièrement l’attention du lecteur, nécessitent, pour M. Markov et la majorité du public, des explications supplémentaires. Mais avant de donner ces explications, nous croyons nécessaire de faire un écart et d’expliquer pourquoi M. Markov, et en général le public, n’ont pas voulu comprendre cette explication et l’ont négligée.

Depuis Hégel et son fameux aphorisme : « Ce qui est historique est raisonnable, » dans les discussions écrites et verbales, surtout chez nous, un élément spirituel, très étrange, domine : c’est l’opinion historique. Vous dites, par exemple, que l’homme a le droit d’être libre, d’être jugé seulement d’après les lois que lui-même reconnaît justes, et l’opinion historique répond que l’histoire élabore un certain moment historique qui dirige la législation historique et un certain rapport historique du peuple envers cette législation. Vous dites que vous croyez en Dieu, l’opinion historique vous répond que l’histoire élabore certaines croyances religieuses et les rapports de l’humanité envers elles. Vous dites que l’Iliade est la plus grande œuvre épique, l’opinion historique vous répond que l’Iliade n’est que l’expression de la conscience historique d’un peuple à un certain moment historique.