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humaine. L’école ne doit pas essayer de prévoir les finalités de la science, mais en la transmettant, elle doit respecter la pleine liberté de son application. L’école ne doit regarder comme nécessaires ni une science ni une série de sciences mais elle doit transmettre les données qu’elle possède en laissant aux élèves le droit de les assimiler ou non. Le règlement et le programme de l’école doivent se baser non sur l’opinion théorique, non sur la conviction de la nécessité de telle ou telle science, mais sur la seule possibilité, c’est-à-dire sur le savoir des maîtres.

J’expliquerai cela par un exemple.

Je désire instituer un établissement scolaire. Je ne fais pas un programme basé sur les opinions théoriques et ce n’est pas d’après elles que je chercherai les maîtres : je proposerai à toutes les personnes qui se sentent une vocation pour communiquer leur savoir de faire les leçons ou les cours qu’elles pourront. Il va sans dire que c’est l’ancienne expérience qui nous guidera dans le choix de ces leçons, c’est-à-dire que nous n’enseignerons plus les sujets qu’on ne suit pas volontiers ; dans les villages russes nous n’enseignerons pas la langue espagnole, l’astrologie ou la géographie, de même que dans un village un marchand n’ouvrira pas une boutique d’instruments de chirurgie ou de crinolines. Nous pouvons prévoir la demande pour notre offre, mais notre juge définitif sera l’expé-