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Dans l’esprit des pédagogues l’éducation comporte l’enseignement. La science dite pédagogique ne s’occupe que de l’éducation et envisage l’homme qui s’instruit comme un être tout à fait soumis au maître. Ce n’est que par son intermédiaire que celui qui s’instruit reçoit les impressions instructives ou éducatrices quelles qu’elles soient : les livres, les récits, les exercices de mémoire, les exercices artistiques ou physiques. Tout le monde extérieur peut influencer l’élève, seulement à mesure que le maître le juge bon.

L’éducateur tâche d’entourer son élève d’un mur impénétrable pour le soustraire à l’influence du monde, et il ne laisse passer à travers l’écran scolaire que ce qu’il juge utile pour lui. Je ne parle pas de ce qui s’est fait ou se fait chez les gens dits arriérés, je ne fais pas la guerre aux moulins, je parle de la façon dont on comprend et applique l’éducation chez les maîtres réputés les meilleurs et les plus avancés.

Partout l’influence de la vie est écartée des soins du pédagogue. Partout l’école est entourée du mur chinois de la sagesse des livres, à travers lequel mur on laisse passer l’influence éducatrice de la vie dans la mesure seulement qu’il plaît aux éducateurs. On n’admet pas l’influence de la vie. C’est ainsi que la science pédagogique envisage les choses parce qu’elle se reconnaît le droit de savoir ce qui est nécessaire pour la formation des meilleurs hommes