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de la loi ou par la ruse, ou par l’appât d’avantages quelconques, on force les parents à les y envoyer.

Et pourtant le peuple, partout, s’instruit spontanément et regarde l’instruction comme un bienfait.

Que signifie donc cela ? Le besoin de l’instruction s’est introduit en chaque homme, le peuple aime et cherche l’instruction comme il aime et cherche l’air pour sa respiration, le gouvernement et la société brûlent du désir d’instruire le peuple, et malgré toute la violence, la ruse et l’obstination des gouvernements et des sociétés, partout le peuple se déclare mécontent de l’instruction qu’on lui impose et ne cède que pas à pas, et seulement à la force.

Dans ce cas, comme dans le cas de chaque conflit, il fallait résoudre la question suivante : Qu’est-ce qui est le plus légal : l’opposition faite aux gens qui veulent répandre l’instruction, ou l’activité même de ces derniers ? faut-il vaincre cette opposition ou modifier cette activité ?

Jusqu’ici, comme on peut le voir par l’histoire, la question a été résolue au profit du gouvernement et de la société enseignante. L’opposition a été reconnue illégale : on y a vu l’élément d’un mal propre à l’humanité et, sans changer en rien sa façon d’agir, c’est-à-dire sans changer la forme ni le fond de l’instruction qu’elle possédait, la société employa la force et la ruse pour anéantir l’opposi-