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prêtre chassé du séminaire ou un ancien employé de bureau.

Après avoir construit l’école et donné l’argent, les communes croiront en avoir fini avec les impôts pour l’école. Mais il n’en sera rien. Le chef de police du district leur déclarera qu’elles doivent encore couper une demi-déciatine de terrain potager pour le maître.

De nouveau, l’assemblée se réunira, de nouveau les mots école et contrainte par force s’uniront en une conception indivisible. Les paysans commenceront à examiner le potager, à mesurer la terre, à s’injurier, à se quereller ; ils se réuniront une deuxième fois, une troisième fois, et, tant bien que mal, exécutant l’ordre des chefs, ils s’arracheront un morceau de ce potager si précieux pour eux. Et ce n’est pas tout. Il faut encore une fois réunir l’assemblée pour résoudre la question : comment distribuer les impôts naturels pour le maître d’école (impôts qui sont très en défaveur parmi les paysans). Enfin l’école est bâtie, les appointements du maître fixés. Si le propriétaire ou l’arbitre territorial n’ont pu faire nommer leur filleul ou l’employé de bureau, c’est l’inspecteur qui doit faire la nomination ; le choix de l’inspecteur sera très facile ou très difficile, car des milliers de candidats, de scribes chassés et d’élèves renvoyés des séminaires seront en permanence, chaque jour, dans son antichambre, flagorneront son secrétaire et tâcheront