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en réalité, n’aura non plus aucun droit. L’impôt de 27 k. 5, l’impôt pour la construction de l’école, l’obligation de la construction, tout cela engendrera dans le peuple de la malveillance pour l’idée et le mot d’école, auxquels, forcément, ils uniront l’idée d’impôt, et ils ne voudront élire personne, dans la crainte qu’on ne leur prenne encore de l’argent pour payer cette personne.

Le chef de police du district et l’arbitre territorial exigeront l’élection. Tremblants de crainte, ils éliront le premier curateur qui viendra et s’imposera : ou ce sera l’arbitre territorial qui sera le curateur ou, presque toujours, le plus grand propriétaire terrien habitant le village sera élu, et c’est pourquoi sa tutelle sera une plaisanterie, c’est-à-dire que le souci de l’œuvre la plus sérieuse au monde sera un jouet ou un moyen pour assouvir des désirs ambitieux. Et l’arbitre territorial, dans sa situation actuelle, n’a pas la possibilité matérielle de remplir même ses devoirs professionnels. Représenter la commune, contrôler en son nom l’école, c’est une tâche extrêmement délicate qui demande de grandes connaissances et un travail très consciencieux. La plupart des curateurs viendront à l’école deux fois par mois, peut-être feront-ils cadeau d’un tableau fait par le menuisier de la famille ; le dimanche, ils inviteront chez eux le maître d’école, et si l’on a besoin d’un autre instituteur, ils recommanderont leur filleul, un fils de