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efforts restent infructueux. Sans parler des écoles de l’antiquité — Indes, Égypte, Grèce antique et même Rome — dont l’organisation nous est aussi peu connue que l’opinion du peuple à leur sujet, ce phénomène est frappant dans les écoles européennes, depuis Luther jusqu’à nos jours.

L’Allemagne, à qui revient la fondation de l’école, après une lutte d’environ deux siècles, n’a pas encore réussi à vaincre l’opposition du peuple contre l’école. Malgré la désignation de vieux soldats invalides comme instituteurs, établie par l’empereur Frédérick, malgré la sévérité de la loi presque bicentenaire, malgré l’application des méthodes nouvelles pour préparer les instituteurs dans les séminaires, malgré ce sentiment, propre à l’Allemand, de l’obéissance à la loi, jusqu’à présent l’obligation scolaire pèse de tout son poids sur le peuple.

Les gouvernements allemands ne se décident pas à abroger la loi de l’instruction obligatoire. L’Allemagne ne peut être fière de l’instruction du peuple que d’après les statistiques, mais, en général, le peuple n’a, comme auparavant, que de l’horreur pour l’école.

La France, malgré le passage de l’instruction des mains du roi à celles du Directoire, et des mains du Directoire à celles du clergé, a aussi peu réussi que l’Allemagne dans l’œuvre de l’instruction du peuple, et même moins, si l’on en croit les