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Nul ne désirera fonder d’école quand il n’aura pas le droit de nommer les maîtres, de les remplacer, de choisir les manuels, de faire un programme. La majorité des maîtres et des fondateurs d’écoles libres, les soldats, les sacristains auront peur de faire la déclaration de leurs écoles. Plusieurs ignoraient ces exigences et, s’ils le désiraient, ils pouvaient toujours, dans les formes légales, passer outre.

Comme je l’ai déjà dit dans l’article précédent, on ne peut définir les limites entre l’éducation dans la famille et à l’école. Un portier loue un maître pour ses deux garçons, trois garçons viennent encore chez lui ; un propriétaire rural et ses enfants instruisent les quatre enfants des domestiques et deux enfants des paysans du village ; des ouvriers viennent chez moi le dimanche, à l’un je fais la lecture, à l’autre j’apprends à lire et écrire, un autre regarde des dessins et des modèles. Est-ce l’école ou non ? Et, en même temps, quel terrain pour les abus ! Je suis arbitre territorial et suis convaincu que l’instruction est nuisible pour le peuple, j’impose une amende à un vieillard qui enseigne à lire et écrire à son filleul, je lui ôte le syllabaire et le psautier sous prétexte qu’il devait m’annoncer l’ouverture de son école… Il y a entre les hommes des rapports qui ne peuvent être définis par la loi. Ce sont des rapports de famille, ceux des maîtres envers les élèves, etc.