Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quer sa vie que de faire les choses en aveugle.

— Eh ! vous feriez bien de dormir maintenant, dit le Cosaque.

— Non, je suis habitué, répondit Pétia. Et les briquets de vos pistolets ne sont pas encore usés ? J’en ai apporté avec moi. Peut-être en avez-vous besoin ? Alors prends !

Le Cosaque sortit de dessous le chariot afin de mieux voir Pétia.

— Parce que je suis habitué à tout faire avec soin, reprit Pétia. Les autres ne se préparent pas, ils font n’importe comment et après le regrettent. Moi je n’aime pas cela.

— C’est vrai ! fit le Cosaque.

— Tiens encore, mon cher, aiguise-moi mon sabre, il est émouss… (Pétia avait peur de se tromper, il n’avait jamais été repassé). Peut-on le faire ?

— Pourquoi pas ? Sans doute, on peut.

Likatchov se leva, chercha dans son sac et bientôt Pétia entendit le son guerrier de l’acier contre la meule. Il monta sur le chariot et s’assit sur le bord. Le Cosaque, sous le fourgon, aiguisait le sabre.

— Et nos soldats dorment ? dit Pétia.

— Les uns dorment, les autres non.

— Et ce gamin-là, que fait-il ?

— Vissénia ? Il est là-bas dans le vestibule. Il dort de peur. Comme il était content !

Pétia se tut longtemps, écoutant les sons. Des