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avait cessé, mais des gouttes tombaient encore des arbres.

Près de la chaumière s’apercevaient les silhouettes noires des huttes des Cosaques et des chevaux attachés ensemble. Derrière l’isba, se trouvaient deux chariots près desquels se tenaient les chevaux, et, dans le ravin, on distinguait la lueur rouge des feux qui s’éteignaient. Tous les Cosaques et les hussards ne dormaient pas encore. Par ci, par là, en même temps que le bruit des gouttes qui tombaient et celui de la mastication des chevaux, on entendait des chuchotements à voix basse.

Pétia sortit du vestibule, regarda autour de lui dans l’obscurité et s’approcha des chariots. Sous un chariot, quelqu’un ronflait, et près de là, des chevaux attelés broyaient de l’avoine. Dans l’obscurité, Pétia reconnut son cheval qu’il appelait Karabah ! bien que ce fût un cheval petit-russien. Il s’approcha de lui :

— Eh bien ! Karabah ! demain nous ferons de la besogne ! dit-il en flairant ses naseaux et l’embrassant.

— Quoi, monsieur, vous ne dormez pas ? demanda le cosaque qui était assis sous le chariot.

— Ah ! Ah ! Likatchov. C’est ton nom, je crois. Moi je viens d’arriver. Nous sommes allés chez les Français. Et Pétia raconta en détail au Cosaque non seulement leur excursion, mais aussi pourquoi ils étaient allés là-bas, pourquoi mieux vaut ris-