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Au contraire Dolokhov, qui autrefois à Moscou portait le costume persan, maintenant avait l’air d’un officier de la garde très raffiné. Son visage était soigneusement rasé, il portait un veston ouaté d’officier de la garde, avec la croix de Saint-Georges à la boutonnière, et un bonnet très simple.

Il déposa dans un coin sa bourka mouillée, s’approcha de Denissov sans saluer personne, et, aussitôt, se mit à poser des questions concernant l’affaire. Denissov lui raconta les intentions qu’avaient sur le convoi les grands détachements, la mission de Pétia et sa réponse aux deux généraux. Ensuite il exposa tout ce qu’il savait du détachement français.

— C’est ça, mais il faut savoir de quelle armée il s’agit et leur nombre, dit Dolokhov. Il faudra partir examiner. On ne peut se lancer dans un combat sans être sûr de leur nombre. J’aime faire chaque besogne proprement. Voilà, un de ces messieurs ne voudrait-il pas partir avec moi dans leur camp ? J’ai avec moi un uniforme.

— Moi ! moi !… J’irai avec vous ! s’écria Pétia.

— Tu n’as pas besoin d’y aller, lui dit Denissov. Je ne te laisse’ai à aucun prix.

— C’est bon ! Pourquoi ne puis-je pas partir ? s’écria Pétia.

— Mais parce que tu n’as pas besoin…

— Non, excusez… parce que… parce que… j’irai