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du détachement de Denissov ; avec un battant de porte ils installaient une table. Pétia enleva ses vêtements mouillés qu’il fit mettre à sécher et, aussitôt, se mit à aider les officiers à préparer le dîner.

Au bout de dix minutes, la table couverte d’une serviette était prête. Sur la table, il y avait de l’eau-de-vie, du rhum, du pain blanc, du mouton rôti et du sel.

Pétia, assis avec les officiers devant la table, déchirait à pleines mains, sur lesquelles coulait la graisse, le mouton gras, odorant. Il se trouvait dans un état d’enthousiasme enfantin, d’amour tendre pour tous les hommes, et, à cause de cela, il était sûr de l’affection des autres.

— Alors que pensez-vous, Vassili Theodorovitch ? disait-il à Denissov. Ça ne fait rien que je reste avec vous pour une journée ?

Et sans attendre la réponse, il la fit lui-même :

— On m’a ordonné d’aller en reconnaissance. Eh bien ! J’apprends… Seulement vous me laisserez au plus fort… Je n’ai pas besoin de décoration, mais je voudrais…

Pétia serra les dents et regarda autour de lui en agitant la tête et les mains.

— Au plus fort… répéta Denissov en souriant.

— Je vous prie seulement de me donner un commandement. Pourvu que je commande, qu’est-