Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/481

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bitants, il se jetait sur les Français, déchaînant le désordre et la tuerie parmi eux. Quand se forma l’armée partisane, Figner reçut un petit détachement avec lequel il harcelait l’armée française. Il se faisait remarquer par une audace extraordinaire dans l’attaque et par la cruauté avec laquelle il traitait les Français. Après la campagne de 1812 on fit circuler beaucoup de récits de ses exploits et voici, entre autres ce qu’écrivit un des officiers (Biskoupsky) qui se trouvait dans son détachement :

« Figner se déguisa plusieurs fois sous l’uniforme français et, profitant de sa parfaite connaissance du français, il obtenait ainsi des renseignements qu’il n’aurait pu se procurer autrement. Une fois, couvert du manteau blanc des cuirassiers français, il amena son détachement à la lisière de la forêt, ordonna à ses soldats de descendre de cheval et dans le plus grand silence possible, il sortit lui-même sur la lisière qui bordait la route et s’arrêta là. Bientôt il entendit les piétinements des chevaux d’un convoi de soldats et sur la route se montra une colonne de cuirassiers français, six sur un rang. Après avoir laissé passer trois escadrons, Figner étant remarqué cria lui-même : « Qui vive ? » Alors un des officiers de cuirassiers se sépara de l’escadron, s’approcha de Figner et, après avoir échangé avec lui quelques paroles, il tourna son cheval et partit au pas dans la forêt. Quand Figner eut rejoint son détachement, aussitôt il