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pital du prince Galitzine, des fenêtres duquel, selon ses propres paroles, il regardait avec un mépris très profond Napoléon quittant Moscou.

» Ce fait que j’écrivis alors en détail, je le communiquai au comte L. Tolstoï[1] ».

D’autre part nous avons des preuves de la vérité historique avec laquelle sont décrites plusieurs opérations de cette époque et avec quelle intuition, et quel tact Tolstoï leur a fait subir la transformation artistique. Ainsi, par exemple, ce sont les récits des exploits du fameux Figner, pendant la guerre nationale qui ont servi à Tolstoï pour le récit de l’invasion partisane de Dolokhov. Nous le citerons ici pour montrer avec quels matériaux l’auteur a créé son type de partisan.

Le partisan très connu Figner, capitaine d’artillerie, depuis le commencement de la guerre nationale se distinguait par une haine farouche envers Napoléon, haine qui avait même quelque chose de mystique, ce qui était alors à la mode. Chaque jour il allait dans les églises et, les larmes aux yeux, priait Dieu de délivrer la Russie du monstre.

Après l’occupation de Moscou par l’ennemi, Figner, avec la permission du commandant en chef, alla dans la capitale abandonnée, et sous divers travestissements, il prit tous les renseignements qu’il lui fallait, et la nuit, réunissant les ha-

  1. Voyage à Iasnaïa-Poliana. G L Danilevsky. Messager historique, vol. XXIII, p. 532.