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au comte Tolstoï, nous envisagions notre rôle comme quelque chose de sacré. Et je ne sais pas comment les camarades auraient envisagé ce fait que l’un de nous eût osé lire un livre et encore un livre français comme le roman de madame de Genlis. »

» Deux mois après la publication de sa critique sur le roman de Tolstoï, A.-S. Norov mourut. En janvier 1869, après ses funérailles, un journal me chargea d’écrire son nécrologue. Quel ne fut pas mon étonnement quand en faisant des recherches pour cet article dans la famille de V.-P. Polevanov, son propre neveu, je tombai par hasard sur un tout petit livre de la bibliothèque de Norov : « Aventures de Rodrigue Randon, 1784 » Sur le premier feuillet je lus l’inscription suivante de la main de A.-S. Norov : « Lu à Moscou, blessé et fait prisonnier par les Français, en septembre 1812. »

» Ce qui lui était arrivé en septembre 1812 était oublié quarante-six ans après par le vieux dignitaire, parce que cela ne concordait plus avec la conception que le temps avait élaborée en lui. Sans doute on ne peut affirmer que Norov ait tenu sous son chevet le roman de Rodrigue Randon à Tzarevo-Zaïmitché où Koutouzov lisait le roman de madame de Genlis, mais on ne peut nier et rejeter la supposition que Norov pouvait le lire même sous Borodino avant d’être blessé et qu’il l’ait terminé lors de l’occupation de Moscou par les Français, à l’hô-