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men, et, en même temps, la conscience de l’importance de cet acte, parle de la prochaine publication de son roman. « Savez-vous quelle nouvelle je vous dirai de moi ? Quand le cheval me jeta à terre et me fit casser le bras[1] et qu’après l’étourdissement je revins à moi, je me suis dit : Je suis un littérateur. Et je le suis. Mais un littérateur isolé, timide. Ces jours-ci paraîtra la première moitié de la première partie de « L’année 1805. »

« Je vous en prie, écrivez-moi avec plus de détails votre opinion. Votre opinion m’est chère, ainsi que celle d’un homme que j’aime de moins en moins, au fur à mesure que je vieillis, de Tourgueneff. Il comprendra. Tout ce qui a été publié de moi auparavant n’était qu’un essai de plume. Ce qu’on va publier maintenant me plaît bien mieux que les choses antérieures, cependant je le trouve faible mais avec les introductions c’est toujours ainsi. Mais que sera la suite, c’est terrible d’y penser ! Écrivez-moi ce qu’on dira dans les divers cercles que vous connaissez, et principalement quelle sera l’impression sur les masses. Probablement que cela passera inaperçu. Je l’attends et le désire. Pourvu seulement qu’on ne m’insulte pas ; l’injure fait mal[2]. »

Le travail préparatoire ne se bornait pas à l’étude des documents historiques et littéraires.

  1. Cet épisode sera conté en détails dans la biographie.
  2. A. Fet. Mes souvenirs, IIe partie, page 59.