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consolident le terrain sur lequel sont basées les institutions du gouvernement et de l’Église.

Comme autrefois, dans la question de l’astronomie, de même maintenant dans la question de l’histoire toute la différence est basée sur la reconnaissance ou la non-reconnaissance de l’unité absolue qui sert de mesure aux phénomènes sensibles. Dans l’astronomie c’était l’immobilité de la terre, dans l’histoire, l’indépendance de l’individualité, la liberté.

Pour l’astronomie, la difficulté de la reconnaissance du mouvement de la terre consistait dans ce fait qu’il fallait renoncer au sentiment spontané de l’immobilité de la terre et au même sentiment du mouvement des planètes ; de même pour l’histoire, la difficulté de la reconnaissance de la soumission de la personne aux lois de l’espace, du temps et de la cause consiste à renoncer au sentiment spontané de l’indépendance de la personne. Mais de même que pour l’astronomie, la nouvelle opinion disait : « Il est vrai que nous ne sentons pas le mouvement de la terre, mais, en admettant son immobilité nous arrivons à l’absurde et en admettant son mouvement, que nous ne sentons pas, nous arrivons aux lois, » de même pour l’histoire le nouveau courant dit : « Il est vrai que nous ne sentons pas notre dépendance, mais, en admettant notre liberté, nous arrivons à la sottise, et, en admettant notre dépendance du monde exté-