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sont anéanties et il n’existe plus aucune représentation du mouvement des corps célestes.

S’il existe un seul acte libre de l’homme, alors il n’existe plus aucune loi historique ni aucune représentation des événements historiques.

Pour l’histoire existent les lignes du mouvement des volontés humaines dont une extrémité est cachée dans l’inconnu et sur l’autre extrémité desquelles se déplace dans l’espace, dans le temps et dans la dépendance des causes, la conscience de la liberté des hommes dans le présent.

Plus ce champ du mouvement s’élargit à nos yeux, plus sont évidentes les lois de ce mouvement. Saisir et définir ces lois, c’est le but de l’histoire.

Du point de vue selon lequel la science envisage maintenant son objet, de la voie qu’elle suit pour chercher les causes des événements dans la volonté libre des hommes, l’expression de lois scientifiques est impossible, car nous aurons beau borner la liberté des hommes, aussitôt que nous l’aurons reconnue comme une force indépendante des lois, l’existence de la loi sera impossible.

Ce n’est qu’en limitant cette liberté jusqu’à l’infini, c’est-à-dire en l’examinant comme une quantité infiniment petite, que nous nous convainquons de l’inaccessibilité absolue des causes et alors, au lieu de la recherche des causes, l’histoire prend pour but la recherche des lois.

La recherche de ces lois est commencée depuis