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1o Si grande que devienne notre connaissance des conditions d’espace dans lesquelles se trouve l’homme, cette connaissance ne peut jamais être complète, puisque le nombre de ses conditions est infiniment grand, de même que l’espace est infini. C’est pourquoi, du moment que toutes les conditions des influences de l’homme ne sont pas définies, alors il n’y a pas de nécessité absolue, et il y a une certaine part de liberté.

2o De quelque durée que nous allongions la période de temps depuis le phénomène que nous examinons jusqu’au temps de son jugement, cette période sera finie et le temps est infini. C’est pourquoi, sous ce rapport aussi, il ne peut jamais exister de nécessité complète.

3o De même, quelle que soit la série des causes de n’importe quel acte, nous ne la connaîtrons jamais toute, parce qu’elle est infinie et, de nouveau, jamais nous n’arriverons à la nécessité absolue.

Mais en outre, si même nous admettons que le reste de la liberté égale zéro et reconnaissons dans un cas quelconque, par exemple d’un homme mourant, d’un embryon, d’un idiot, l’absence complète de liberté, par là, nous détruisons l’idée même de l’homme que nous examinons, car dès qu’il n’y a pas de liberté, il n’y a pas d’homme. C’est pourquoi la représentation de l’acte d’un homme soumis à la seule loi de la nécessité, sans le moindre reste de