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accessibles, alors nous recevons la représentation de la nécessité la plus petite et de la liberté la plus grande. Mais, dans l’un comme dans l’autre cas, nous aurions beau changer notre point de vue, nous aurions beau nous expliquer le lien dans lequel se trouve l’homme avec le monde extérieur, ce lien aurait beau nous paraître accessible, nous pourrions allonger ou diminuer les périodes de temps, les causes, seraient-elles le plus complètes ou incomplètes, nous ne pourrions jamais nous représenter ni liberté complète, ni nécessité absolue.

1o De quelque façon que nous nous représentions l’homme affranchi des influences du monde extérieur, nous ne recevons jamais la conception de la liberté dans l’espace. Chaque acte humain se trouve inévitablement soumis à certaines conditions par ce qui l’entoure, par le corps même de l’homme : je lève la main et l’abaisse, mon acte me paraît libre, mais, en me demandant s’il m’était possible de lever la main dans toutes les directions, je vois que j’ai levé la main dans la direction où il y avait le moins d’obstacles pour accomplir cet acte — obstacles qui se trouvent dans les corps qui m’entourent et dans la conformation de mon propre corps. Si de toutes les directions possibles j’en choisis une seule, je la choisis parce que, dans cette direction, il y avait moins d’obstacles. Pour que mon acte soit libre il est nécessaire qu’il ne rencontre aucun obstacle. Pour se représenter un homme absolu-