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résultat de la volonté de quelques personnes.

Pour l’émigration des peuples, par exemple, à personne de notre temps il ne vient en tête qu’il dépendait de la volonté d’Attila de renouveler le monde européen. Plus nous transportons en arrière l’objet d’observation, plus devient douteuse la liberté des hommes qui ont produit les événements, et plus évidente devient la loi de la nécessité.

La troisième base, c’est l’accessibilité plus ou moins grande pour nous de ce lien infini des causes qu’exige la raison et dans lequel chaque phénomène et par suite chaque acte doit avoir sa place définie comme la suite d’actes précédents et la cause des suivants.

C’est cette base grâce à laquelle nos actes et ceux des autres hommes nous apparaissent comme d’autant moins libres et plus soumis à la loi de la nécessité que nous connaissons mieux les lois physiques, physiologiques et historiques tirées de l’observation auxquelles l’homme est sujet et que nous avons mieux saisi la cause physique, physiologique ou historique de l’acte.

D’autre part, plus l’acte observé est simple, moins l’homme dont nous examinons l’acte est compliqué par le caractère et l’esprit.

Quand nous ne comprenons pas absolument la cause de l’acte, dans le cas de crime, de vertu ou même d’un acte indifférent au point de vue du bien et du mal, nous lui attribuons la plus grande part