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donner d’ordres. Celui qui a ordonné le plus, à cause de son activité verbale évidemment pouvait moins agir avec les mains. Dans une plus grande réunion d’hommes qui dirigent leur activité vers un seul but, encore plus tranchée est la catégorie des hommes qui prennent une part directe à l’activité commune, part d’autant moins grande que leur activité est employée à donner des ordres.

L’homme, quand il agit seul, porte toujours en soi certaines considérations qui, lui semble-t-il, ont guidé son activité passée, justifient son activité présente, et le guident dans ses plans d’actes futurs.

Il en va de même des réunions de gens : on laisse à ceux qui ne participent pas dans l’action le soin d’invoquer les considérations, les justifications et les suppositions de leur activité commune.

Pour des causes qui nous sont connues et inconnues les Français commencèrent à se noyer les uns les autres et à s’entr’égorger, et, en relations avec cet événement, nous trouvons la justification concomitante qui consiste à dire que c’est nécessaire pour le bien de la France, pour la liberté et l’égalité. Les hommes cessent de se tuer et cet événement est accompagné de la justification de la nécessité de l’unité du pouvoir, de l’obligation de repousser les forces de l’Europe, etc. Les hommes marchent de l’Occident à l’Orient en tuant leurs semblables et cet événement est accompagné de paroles sur la