Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les conditions de l’expression en une personne de la volonté de tous les hommes ; c’est-à-dire que le pouvoir c’est le pouvoir. C’est-à-dire que le pouvoir c’est un mot dont la signification nous est incompréhensible.




Si le domaine de la connaissance humaine se bornait au seul entendement abstrait, alors en analysant l’explication du pouvoir que donne la science, l’humanité arriverait à la conclusion que le pouvoir n’est qu’un mot et qu’en réalité il n’existe pas. Mais pour reconnaître le phénomène, sauf le raisonnement abstrait, l’homme possède encore l’instrument de l’expérience avec lequel il contrôle les résultats de sa réflexion. Et l’expérience dit que le pouvoir n’est pas un mot mais un phénomène existant réellement.

Sans parler que pas une seule description de l’activité collective des hommes ne peut se faire sans la conception du pouvoir, l’existence du pouvoir est prouvée par l’histoire ainsi que par l’observation des événements contemporains.

Chaque fois que s’accomplit un événement, paraît un homme — ou des hommes — selon la volonté duquel l’événement s’accomplit. Napoléon III le prescrit, et les Français vont au Mexique. Le roi de Prusse et Bismarck l’ordonnent et les troupes