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se modifie avec le temps, elle ne peut rien nous répondre.

Si le pouvoir est la somme des volontés transportée sur un gouvernant, alors Pougatchev est-il le représentant des volontés des masses ? S’il ne l’est pas, alors pourquoi Napoléon Ier l’est-il ? Pourquoi Napoléon III quand on l’arrêta à Boulogne était-il un criminel et ensuite pourquoi les criminels furent-ils tous ceux qu’il avait arrêtés ?

Pendant les révolutions de palais où participent parfois deux ou trois personnes, la volonté des masses se transporte-t-elle aussi sur un nouveau personnage ? Dans les rapports internationaux, la volonté des masses du peuple se transporte-t-elle sur son conquérant ? En 1808, la volonté de l’alliance du Rhin était-elle transportée sur Napoléon. La volonté des masses était-elle transportée sur Napoléon en 1809 quand nos troupes, alliées aux Français, allaient se battre contre l’Autriche ?

À ces questions on peut répondre de trois façons :

1o Reconnaître que la volonté des masses se transporte toujours à ce ou ces gouvernants qu’elles ont choisis et que, par conséquent, chaque apparition de nouveau pouvoir, toute lutte contre le pouvoir une fois transmis doivent être considérées comme violation du vrai pouvoir ;

2o Admettre que la volonté des masses se transmet aux gouvernants, conditionnellement, et montrer que toutes les restrictions et même l’anéan-