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ports qui existent entre les masses et la personne qui a le pouvoir.

C’est ainsi que la science du droit comprend le pouvoir, cette science qui, sorte de caisse de change de l’histoire, promet d’échanger les conceptions historiques du pouvoir contre l’or pur.

Le pouvoir c’est la somme des volontés des masses transportée par l’accord exprimé ou tacite sur les gouvernants élus par les masses. Dans le domaine de la science du droit — science qui se compose des raisonnements : comment faudrait-il constituer l’État et le pouvoir si l’on pouvait faire cela ? — tout est très clair, mais, appliquée à l’histoire, cette définition du pouvoir demande quelques explications.

La science du droit examine l’État et le pouvoir comme les anciens examinaient le feu, c’est-à-dire comme quelque chose d’absolument existant, et pour l’histoire, l’État et le pouvoir ne sont que des phénomènes, de même que pour la physique moderne, le feu n’est pas un élément mais un phénomène.

De cette différence essentielle des opinions de l’histoire et de la science du droit provient que la science du droit peut raconter en détails comment, selon elle, il faudrait organiser le pouvoir et ce qu’est ce pouvoir qui existe comme quelque chose d’immuable en dehors du temps ; mais aux questions historiques sur l’importance du pouvoir qui