Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/360

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une caricature des descriptions historiques. Au contraire, c’est la forme la plus atténuée des réponses contradictoires et qui ne correspondent pas aux questions que donnent tous les historiens, depuis les auteurs de mémoires et les historiens des États particuliers jusqu’aux historiens universels et ceux d’un nouveau genre : les historiens de la civilisation.

L’étrangeté et le comique de ces réponses viennent de ce que la nouvelle histoire est semblable à un homme sourd qui répond aux questions que personne ne lui pose.

Si le but de l’histoire est la description du mouvement de l’humanité et des peuples, alors la première question (sans la réponse à cette question, tout le reste est incompris) est la suivante : quelle force pousse le peuple ? À cette question la nouvelle histoire raconte avec force détails ou que Napoléon était très génial, ou que Louis XIV était très fier, ou bien que tel ou tel écrivain écrivit tel ou tel livre.

Tout cela est très possible et l’humanité est prête à y consentir, mais ce n’est pas ce qu’elle demande. Tout cela pourrait être intéressant si nous reconnaissions le pouvoir divin, basé sur lui-même, toujours régulier, et dirigeant des peuples par des Napoléons, des Louis et par des écrivains. Mais nous ne reconnaissons pas ce pouvoir, c’est pourquoi, avant de parler de Napoléon, de Louis et