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leur respect, bien que, cinq années auparavant et une année après, tous le considérassent comme un bandit hors la loi. Et Louis XVIII commença à régner, Louis XVIII dont jusqu’alors les Français et les alliés ne faisaient que se moquer. Et Napoléon, en versant des larmes devant sa vieille garde, renonça au trône et partit en exil. Ensuite les hommes d’État et les diplomates (surtout Talleyrand qui avait réussi à s’asseoir sur un fauteuil avant un autre, ce qui élargit les frontières de la France) eurent des entretiens à Vienne et, par leurs conversations, firent les peuples heureux ou malheureux. Tout à coup, diplomates et monarques faillirent se quereller. Ils étaient déjà près d’ordonner de nouveau à leurs troupes de s’entre-tuer lorsque Napoléon, avec un bataillon, arriva en France, et les Français qui le haïssaient, tous, aussitôt, se soumirent à lui. Mais les monarques alliés mécontents de cela recommencèrent à faire la guerre aux Français. Et on vainquit le génial Napoléon, on l’envoya à l’île Sainte-Hélène, le considérant tout à coup comme un brigand. Là-bas, sur un rocher, l’exilé séparé des êtres chers à son cœur, de sa France bien-aimée, mourut d’une mort lente, en transmettant ses grandes œuvres à la postérité. Et en Europe se produisit une réaction, et tous les empereurs, de nouveau, opprimèrent leurs peuples. »

On aurait tort de croire que c’est une raillerie,