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bien de la civilisation de toute l’humanité, sous laquelle on comprend ordinairement les peuples qui occupent le petit coin nord-ouest du grand continent.

La nouvelle histoire a rejeté les croyances des anciens sans les remplacer, et la logique a forcé des historiens qui ont, soi-disant, rejeté le pouvoir divin des rois et le fatum des anciens d’arriver par une autre voie à la même conclusion : à la reconnaissance : 1o que les peuples sont dirigés par des hommes particuliers, et 2o qu’il existe un certain but vers lequel se dirigent les peuples et l’humanité.

À la base de toutes les œuvres des historiens les plus récents depuis Gibbon jusqu’à Bukle, malgré leurs contradictions apparentes et la dissemblance de leurs opinions, sont placés ces deux vieux principes inévitables :

1o L’historien décrit l’activité des personnes particulières qui, selon son opinion, guident l’humanité (en considérant comme telles, les uns, les monarques, les capitaines, les ministres ; les autres, outre les monarques, les orateurs, les savants, les philosophes, les poètes).

2o Le but vers lequel marche l’humanité est connu de l’historien. (Pour les uns ce but, c’est la grandeur des États romains, espagnols, français, pour les autres, c’est la liberté, l’égalité, c’est la civilisation d’une certaine sorte d’un petit coin du monde qu’on appelle l’Europe.)