Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/354

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ples à la volonté d’un homme élu et, en second lieu, par la reconnaissance de la même divinité qui dirige la volonté de cet élu pour le but prédestiné.

Pour les peuples anciens ces questions se résolurent par la foi en la participation directe de la divinité dans les œuvres humaines.

La nouvelle histoire, théoriquement, a rejeté ces deux explications.

Il semblerait que rejetant la croyance des anciens en la subordination de l’homme à la divinité et au but défini auquel tendent les peuples, la nouvelle histoire ait dû étudier non les manifestations du pouvoir mais les causes qui le forment. Mais la nouvelle histoire ne l’a pas fait. Rejetant, en théorie, les opinions des anciens, elle les suit en pratique.

Au lieu d’hommes doués du pouvoir divin et guidés directement par la volonté de la divinité, la nouvelle histoire a placé ou des héros doués de qualités extraordinaires, surhumaines, ou tout simplement des hommes aux qualités les plus diverses, depuis les monarques jusqu’aux journalistes, qui guident les masses. Autrefois le but des peuples anciens : des Hébreux, des Grecs, des Romains, se présentaient à eux comme le but du mouvement de l’humanité ; au lieu de ces visées agréables à la divinité, la nouvelle histoire a placé ses finalités propres : le bien du peuple français, ou anglais, ou allemand, et, dans l’abstraction la plus supérieure, le