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— À mon père ? fit le garçon en rougissant et regardant de bas en haut Pierre, avec des yeux brillants et enthousiastes. Pierre lui fit un signe de tête affirmatif et continua la conversation interrompue par les enfants. La comtesse Marie tenait une broderie, Natacha, les yeux fixes, regardait son mari. Nicolas et Denissov se levèrent, demandèrent des pipes, fumèrent, prirent du thé que leur donna Sonia, triste, obstinément assise près du samovar, et ils interrogèrent Pierre.

Le garçon frisé, maladif, aux yeux brillants, était assis dans un coin sans être remarqué de personne et tournait seulement du côté de Pierre sa tête bouclée et son cou fin qui émergeait d’un col rabattu. De temps en temps, il tressaillait, marmottait quelque chose ayant trait, évidemment, à un sentiment nouveau et fort.

La conversation tomba sur les racontars des hautes sphères de l’administration dans lesquels la plupart des hommes voient ordinairement le principal intérêt de la politique intérieure. Denissov, mécontent du gouvernement à cause de ses insuccès au service, apprenait avec joie toutes les sottises qui, selon lui, se faisaient maintenant à Pétersbourg et, en des termes énergiques et raides, il émettait ses réflexions aux paroles de Pierre.

— Aut’efois il fallait êt’e Allemand, maintenant il faut danser avec madame Tata’inova et madame K’udner… et lire Ekha’thusen et toute la cote’ie.