Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La vie passée de Pierre, ses malheurs jusqu’en 1812 (dont il s’était fait une idée vague et poétique d’après ce qu’il en avait entendu), ses aventures à Moscou, sa captivité, Platon Karataïev (dont il avait entendu parler par Pierre), son amour pour Natacha (qu’il affectionnait aussi d’un amour particulier) et, principalement, son amitié pour son père, dont il ne se souvenait pas, tout cela, pour lui, faisait de Pierre, un héros, un être sacré.

Des paroles entrecoupées sur son père et sur Natacha, de cette émotion avec laquelle Pierre parlait du défunt, de cette tendresse idolâtre avec laquelle Natacha parlait de lui, le jeune garçon qui commençait à peine à deviner l’amour, s’était fait l’idée que son père aimait Natacha et, en mourant, l’avait laissée à son ami. Et ce père, dont le fils ne se souvenait pas, se présentait à lui comme un dieu qu’on ne peut s’imaginer vivant et il n’y pensait pas sans un tremblement de cœur, des larmes de tristesse et d’enthousiasme. Et Nikolenka était heureux de l’arrivée de Pierre.

Les hôtes étaient contents de l’arrivée de Pierre, comme de celle d’un homme qui toujours anime et unit chaque société.

Les adultes de la famille, sans parler de sa femme, étaient contents de voir un ami auprès de qui la vie était plus facile et plus agréable.

Les vieilles femmes étaient contentes à cause des