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serait plus gai et meilleur, et encore parce que tous auraient de beaux cadeaux pour la fête.

Les enfants et les gouvernantes se réjouissaient de l’arrivée de Pierre parce que personne autant que lui ne les entraînait dans la vie commune ; lui seul savait jouer au clavecin cette écossaise (le seul morceau de son répertoire) aux sons de laquelle, disait-il, on pouvait danser toutes les danses ; et, il apportait certainement des cadeaux à tout le monde.

Nikolenka, qui était maintenant un garçon de quinze ans, maigre, maladif, très intelligent, avec des cheveux blonds bouclés et de beaux yeux, se réjouissait parce que l’oncle Pierre, comme il l’appelait, était l’objet de son admiration et de sa tendresse passionnée. Personne n’avait poussé Nikolenka à aimer particulièrement Pierre et il le voyait rarement ; la comtesse Marie employait toutes ses forces pour lui faire aimer son mari et Nikolenka aimait son oncle, mais il l’aimait avec une légère nuance de dédain ; et Pierre, il l’adorait. Il ne voulait être ni hussard, ni chevalier de Saint-Georges comme l’oncle Nicolas, il voulait être savant, intelligent et bon comme Pierre. En présence de Pierre son visage avait toujours une expression joyeuse et il rougissait de plaisir quand Pierre s’adressait à lui. Il ne laissait pas échapper un seul mot de ce que disait Pierre, et ensuite, avec Desalles ou seul, il cherchait la signification de chacune de ses paroles.