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XII

Comme dans chaque vraie famille, dans la maison de Lissia-Gorï vivaient ensemble des gens tout à fait différents qui, en gardant chacun leurs particularités et se faisant des concessions mutuelles, formaient un tout harmonieux. Chaque événement qui arrivait dans la maison était également joyeux ou triste, important ou non pour toutes ces personnes, mais chacune avait des causes particulières, indépendantes des autres, pour s’attrister ou se réjouir de tel ou tel événement. Ainsi l’arrivée de Pierre était un événement important, joyeux, et il était tel pour tous.

Les domestiques, les meilleurs juges des maîtres parce qu’ils jugent non d’après les conversations et l’expression des sentiments mais par les actes et le train de la vie, étaient contents de l’arrivée de Pierre parce qu’ils savaient qu’en sa présence le comte cesserait d’aller chaque jour dans le domaine et