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Restée avec les hôtes et ne comprenant rien de ce qu’on disait, elle sortit doucement et alla dans la chambre des enfants. Les enfants partaient à Moscou sur des chaises et l’invitèrent à partir avec eux. Elle s’assit et joua avec eux, mais la pensée de son mari et de sa colère sans cause la tourmentait sans cesse ; elle se leva et, avec difficulté, marchant sur la pointe des pieds, elle se dirigea vers le petit salon.

— Il ne dort peut-être pas, je m’expliquerai avec lui, se dit-elle.

Andrucha, l’aîné des garçons, en marchant aussi sur la pointe des pieds, la suivit. La comtesse Marie ne le remarqua pas.

Chère Marie, il dort, je crois, il est si fatigué, Andrucha pourrait l’éveiller, dit Sonia (à ce qu’il sembla à la comtesse Marie) qu’elle rencontrait partout et qui se trouvait en ce moment au salon.

La comtesse Marie se retourna et aperçut Andrucha. Elle sentit que Sonia avait raison, et précisément à cause de cela elle fut fâchée et retint avec peine un mot blessant. Elle ne répondit rien, mais pour ne pas lui obéir, elle fit signe à Andrucha de ne pas faire de bruit mais cependant de la suivre et se dirigea vers la porte. Sonia sortit d’un autre côté. De la chambre où dormait Nicolas arrivait le bruit de sa respiration régulière dont sa femme connaissait les moindres nuances. En écoutant