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Après sa visite chez les Rostov et cette réception froide, inattendue de Nicolas, la princesse Marie s’avoua qu’elle avait raison quand elle ne voulait pas aller la première chez eux.

— Je n’attendais pas davantage. Je n’ai rien à voir avec lui, je voulais seulement visiter la vieille qui a toujours été très bonne pour moi et à qui je dois beaucoup, se disait-elle, appelant la fierté à son aide.

Mais ses raisonnements ne pouvaient la calmer ; une sorte de remords la tourmentait quand elle se rappelait sa visite. Bien qu’elle eût fermement décidé de ne plus aller chez les Rostov et d’oublier tout, elle se sentait toujours dans une situation fausse et quand elle se demandait ce qui la tourmentait, elle devait s’avouer que c’était ses rapports avec Rostov. Son ton froid, correct, ne provenait pas de ses sentiments envers elle — elle le savait — mais il cachait quelque chose. Elle devait s’expliquer ce quelque chose. Elle sentait que sans cela, elle ne serait pas tranquille.

Au milieu de l’hiver, elle était assise dans la salle d’études, surveillant les leçons de son neveu, quand on vint lui annoncer la visite de Rostov.

Fermement résolue à ne pas se trahir ni montrer de gêne, elle appela mademoiselle Bourienne et avec elle se rendit au salon.

Du premier coup d’œil elle vit que Nicolas n’était venu que pour remplir une dette de politesse, et