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II

Si l’on admet, comme le font les historiens, que les vrais grands hommes conduisent l’humanité vers certains buts : soit la grandeur de la Russie et de la France, soit l’équilibre européen, soit l’expansion des idées de révolution, soit le progrès général ou n’importe quoi, alors il est impossible d’expliquer les phénomènes de l’histoire sans l’intervention du hasard et du génie.

Si le but des guerres européennes au commencement du dix-neuvième siècle était la grandeur de la Russie, alors ce but aurait pu être atteint sans les guerres précédentes et sans l’invasion. Si le but était la grandeur de la France, il pourrait être atteint sans la Révolution et sans l’empire. Si le but était l’expansion des idées, l’imprimerie l’aurait fait beaucoup mieux que les soldats. Si c’était les progrès de la civilisation, il serait alors très facile de supposer, qu’outre la destruction des