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XVII

— Elle est venue chez moi, dit la princesse Marie. Le comte et la comtesse viendront ces jours-ci. La comtesse est dans un état terrible. Mais Natacha elle-même avait grand besoin de voir le médecin. On l’a envoyée de force avec moi.

— Oui, y a-t-il une famille qui n’ait pas sa douleur ? fit Pierre, s’adressant à Natacha. Vous savez que c’est arrivé le jour même qu’on nous a délivrés. Je l’ai vu. Quel charmant garçon c’était !

Natacha le regarda et, en réponse à ses paroles, ses yeux s’avivèrent et brillèrent davantage.

— Que peut-on dire ou penser comme consolation ? Rien. Pourquoi un garçon plein de vie, si bon, devait-il mourir ?

— Oui, de nos jours, il serait difficile de vivre, si l’on n’avait la foi… dit la princesse Marie.

— Oui, oui, voilà la vérité ! interrompit hâtivement Pierre.