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affluaient à Moscou de divers côtés, comme le sang au cœur.

Déjà une semaine après, les paysans qui arrivaient avec les chariots vides pour emporter des objets étaient arrêtés par les autorités et forcés d’emporter de la ville les cadavres. Les autres paysans, apprenant l’aventure de leurs camarades, venaient en ville avec du blé, de l’avoine, du foin, qu’ils donnaient à des prix inférieurs à ceux d’autrefois. Les artels de charpentiers, espérant avoir un travail rémunérateur, entraient chaque jour à Moscou et, de tous côtés, on construisait et réparait les maisons incendiées.

Les marchands, les ouvriers, les marchands ambulants, les aubergistes, les cabaretiers s’installaient dans les maisons brûlées, le clergé rétablissait le service religieux en beaucoup d’églises demeurées intactes, des personnes charitables apportaient des objets du culte pillés. Les fonctionnaires installaient leurs tables avec des tapis et des armoires dans de petites chambres. Les chefs supérieurs et la police s’occupaient de la distribution des biens restés après les Français.

Les propriétaires des maisons où beaucoup de choses étaient restées se plaignirent ensuite qu’on eût tout emmené dans le palais impérial. D’autres insistaient sur ce point que les Français avaient transporté en un même endroit des objets appartenant à diverses maisons et qu’ainsi il serait injuste