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puis d’autres encore et chaque jour, à mesure que s’accroissait leur nombre, le pillage devenait de plus en plus difficile et prenait certaines formes.

Les Français avaient trouvé Moscou vide mais néanmoins sous forme de ville ayant une vie organique, régulière, une ville avec le commerce, les métiers, le luxe, les administrations, le culte. Les formes étaient sans vie mais elles existaient encore : il y avait des marchés, des boutiques, des magasins, des dépôts, des bazars, la plupart avec des marchandises. Il y avait des usines, des ateliers, des palais, des maisons riches pleines d’objets précieux, des hôpitaux, des prisons, des chancelleries, des églises, des cathédrales.

Plus les Français restaient à Moscou, plus les formes de la vie s’anéantissaient et, à la fin, tout se transformait en un vaste champ de mort et de pillage.

Plus se prolongeait le pillage des Français, plus il détruisait les richesses de Moscou et les forces des pillards. Le pillage des Russes commença l’occupation de la capitale. Plus il durait, plus il avait de participants, plus il rétablissait la richesse de Moscou et la vie régulière de la ville.

Outre les pillards, les gens les plus divers entraînés les uns, par la curiosité, les seconds par les devoirs du service, les troisièmes par le calcul : les propriétaires, le clergé, les fonctionnaires grands et petits, les marchands, les artisans, les paysans