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XV

De même qu’il est difficile d’expliquer pourquoi et où se hâtent les fourmis d’une fourmilière troublée, pourquoi les unes traînent de petits débris, les œufs, les cadavres, pourquoi les autres vont et viennent, pourquoi elles se heurtent, s’attrapent, se battent, de même il serait difficile d’expliquer les causes qui forcèrent les Russes, après la fuite des Français, à se heurter à cet endroit qui auparavant s’appelait Moscou. En regardant les fourmis dispersées autour de la fourmilière ruinée, malgré la destruction complète de la fourmilière, par l’énergie, par le nombre incalculable des insectes, par l’observation on voit que tout est ruiné, sauf quelque chose d’indestructible, d’immatériel qui fait toute la force de la fourmilière ; de même Moscou, en octobre, bien qu’il n’y eût ni autorités, ni églises, ni richesses, ni maisons, était la même ville qu’au mois d’août. Tout était détruit, sauf ce