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et admise comme de tactique infaillible. D’après cette règle, celui qui attaque doit concentrer ses troupes afin d’être, au moment de la bataille, plus fort que son adversaire.

La guerre de partisans (qui réussit toujours, comme nous le montre l’histoire) est tout à fait contraire à cette règle. Cette contradiction provient de ce que la science militaire suppose la force des troupes proportionnée au nombre. La science militaire dit : plus il y a d’hommes, plus la force est grande. Les gros bataillons ont toujours raison.

En disant cela, la science militaire est semblable à cette mécanique qui dirait se basant seulement sur l’examen des forces relativement à leurs masses, que les forces sont égales ou différentes entre elles selon que leurs masses sont égales ou non.

La force c’est le produit de la masse par la vitesse.

Dans l’activité militaire la force des troupes est aussi un produit des masses par un autre facteur, un x inconnu.

La science militaire, voyant dans l’histoire, par une quantité innombrable d’exemples, que la masse des troupes ne concorde pas avec la force, que de petits détachements vainquent parfois de plus grands, reconnaît vaguement l’existence de ce facteur inconnu et tâche de le découvrir, tantôt