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Les troupes françaises fondaient régulièrement, en progression mathématique, et le fameux passage de la Bérésina, sur quoi on a tant écrit, n’était qu’un des degrés des étapes de la destruction de l’armée française et nullement l’épisode décisif de la campagne. Si l’on a tant écrit sur la Bérésina, cela vient, de la part des Français, de ce que, sur le pont brisé de la Bérésina, les malheurs supportés par l’armée française, auparavant espacés, se groupaient momentanément en un spectacle tragique qui demeura dans toutes les mémoires. De la part des Russes, on n’a tant parlé et écrit sur la Bérésina que parce qu’à Pétersbourg, loin du théâtre de la guerre, on avait composé un plan (dont l’auteur était Pfull) pour attirer Napoléon dans un piège stratégique sur la Bérésina. Tous étaient persuadés que tout se passerait en réalité comme sur le plan, c’est pourquoi ils insistaient pour reconnaître que