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VI

Le 5 novembre était la première journée de ce qu’on appela la bataille de Krasnoié. Avant le soir, après plusieurs discussions et fautes des généraux qui allaient où il ne fallait pas, après plusieurs envois d’aides de camp avec des contre-ordres, quand il fut évident que l’ennemi fuyait de tous côtés et qu’il n’y avait pas et ne pouvait y avoir de bataille, Koutouzov partit de Krasnoié et alla à Dobroié où était installé pour ce jour le quartier général.

Le temps était clair et froid. Koutouzov, avec une grande suite de généraux mécontents de lui qui chuchotaient derrière son dos, sur son gros cheval blanc se dirigeait vers Dobroié. Tout le long de la route les Français faits prisonniers se pressaient autour des bûchers. (On en avait pris sept mille.) Non loin de Dobroié, une immense foule de prisonniers, déchirés, enveloppés avec