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II

Outre ce besoin général de réclusion, Natacha, tout ce temps, éprouvait un sentiment particulier d’éloignement pour les siens. Tous, le père, la mère, Sonia lui étaient si proches, si familiers, si ordinaires que toutes leurs paroles, leurs sentiments lui semblaient une sorte d’offense pour ce monde dans lequel, ces derniers temps, s’écoulait sa vie, et non seulement elle leur témoignait de l’indifférence mais les regardait hostilement. Elle entendit les mots de Douniacha sur Piotr Ilitch, un malheur, mais ne les comprit pas. « Quel malheur peuvent-ils avoir ? Chez eux tout est toujours comme autrefois, immuable, tranquille », pensa Natacha

Comme elle entrait au salon, son père sortait rapidement de la chambre de la comtesse. Son visage était contracté et mouillé de larmes.

Évidemment il s’enfuyait dans une autre chambre