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diverses considérations profondes. Par de semblables considérations, on décrit la retraite de Smolensk à Orcha, ensuite l’héroïsme de Napoléon près de Krasnoié où, soi-disant, il se préparait à accepter la bataille, qu’il commanderait lui-même et où, s’amusant avec un bâton de bouleau, il disait :

J’ai assez fait l’empereur, il est temps que je fasse le général.

Et malgré cela, aussitôt après, il s’enfuit plus loin en abandonnant à leur sort les parties dispersées de l’armée qui se trouvaient derrière lui.

Ensuite on nous dépeint la grandeur d’âme des maréchaux, surtout de Ney, grandeur d’âme qui consiste en ceci : une nuit, furtivement, par la forêt, il traverse le Dniéper et sans drapeau, sans artillerie, avec un dixième seulement de ses troupes, il accourt à Orcha.

Et enfin le dernier départ du grand empereur nous est représenté comme une action noble et belle. Même cette dernière fuite, qu’en bonne langue il faut appeler la dernière lâcheté, dont un enfant même aurait honte, cet acte reçoit des historiens sa justification.

Quand il est déjà impossible de tendre les fils si élastiques du raisonnement historique, quand l’acte est nettement contraire à ce que toute l’humanité appelle le bien et même à la justice, paraît chez les historiens la conception salutaire de la