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diverses administrations savaient que Moscou serait laissée aux ennemis, comme le savait le comte Rostoptchine ; et tous, pour dégager leur responsabilité, venaient demander au général gouverneur ce qu’ils devaient faire dans leurs administrations.

Au moment où Pierre entrait dans le salon de réception, un courrier, venu de l’armée, sortait de chez le comte. Aux questions qu’on lui adressait pendant qu’il traversait le salon, il répondait par un geste de main désespéré.

Pendant qu’il attendait dans le salon, Pierre, les yeux fatigués, regarda les fonctionnaires vieux et jeunes, militaires et civils, importants ou non, qui se trouvaient là.

Tous semblaient mécontents et inquiets.

Pierre s’approcha d’un groupe de fonctionnaires parmi lesquels se trouvait une de ses connaissances. Après avoir salué Pierre, ils continuèrent leur conversation.

— Le renvoyer et puis le faire retourner de nouveau, ce ne sera pas un malheur, mais dans une pareille situation on ne peut répondre de rien.

— Mais il écrit ! disait un autre en montrant le papier noirci qu’il tenait à la main.

— Ça, c’est une autre affaire. Pour le peuple c’est nécessaire, dit le premier.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda Pierre.

— Voilà, c’est une nouvelle affiche, Pierre la prit et se mit à lire.