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ment étonné de la beauté de son interlocutrice, était entraîné par son œuvre.

Le directeur de conscience raisonnait ainsi : — Dans l’ignorance de l’importance de ce que vous avez entrepris, vous avez juré fidélité à un homme qui, de son côté, entrant en mariage sans croire à son importance religieuse, a commis un sacrilège. Ce mariage n’avait pas le double caractère qu’il devait avoir. Mais, néanmoins, le vœu vous a liés. Vous le rompez ? Que faites-vous par cela ? Péché véniel ou péché mortel ? péché véniel, parce que vous avez commis l’acte sans mauvaise pensée. Si maintenant, dans le but d’avoir des enfants, vous contractez une nouvelle union, votre péché pourra être pardonné. Mais la question de nouveau se divise en deux : Premièrement…

Mais Hélène, que tout cela ennuyait, dit tout à coup, avec un sourire charmant :

— Mais je pense qu’en entrant dans la vraie religion je ne puis être liée par ce que m’imposa la religion fausse.

Le directeur de conscience fut étonné de la simplicité avec laquelle lui était posé l’œuf de Colomb. Il était ravi des progrès rapides, inattendus de son élève, mais il ne pouvait renoncer à ses arguments.

Entendons-nous, comtesse, dit-il avec un sourire.

Et il se mit à discuter les raisonnements de sa fille spirituelle.