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mais, malgré son plaisir, elle ne laissa pas une seule fois deviner son but, et comme il arrive toujours que dans la rouerie un sot berne les plus intelligents, Hélène, ayant compris que le but de toutes ces paroles et démarches pour la faire catholique était essentiellement de lui soutirer de l’argent au profit des établissements des jésuites (on lui avait fait des allusions), avant de donner de l’argent, insista pour subir toutes les opérations diverses pouvant la délivrer de son mari. Pour elle, l’importance de toute religion consistait à satisfaire les désirs humains en observant certaines convenances. Et dans ce but, dans une causerie avec son directeur de conscience, elle exigea instamment la réponse à cette question : dans quelle mesure son mariage la liait-elle ?

Ils étaient assis au salon, près de la fenêtre. Le soir tombait. Le parfum des fleurs entrait par la fenêtre. Hélène était en robe blanche, transparente sur la poitrine et les bras. L’abbé, bien nourri, au large menton bien rasé, à la bouche ferme, agréable, les mains blanches posées onctueusement sur les genoux, était assis près d’Hélène, et, avec un sourire feint sur les lèvres, il la regardait, ravi de sa beauté, et exposait son opinion sur la question qui les occupait. Hélène, avec un sourire inquiet, regardait ses cheveux bouclés, ses joues grasses bien rasées, brunes, et épiait la nouvelle tournure de la conversation. Mais l’abbé, bien qu’évidem-