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en Pierre encore davantage par la haute opinion que, peu après son entrée dans la baraque, ses compagnons se firent de lui. Pierre, avec sa connaissance des langues, le respect que lui témoignaient les Français, sa simplicité, grâce à laquelle il donnait tout ce qu’on lui demandait (il recevait, comme officier, trois roubles par semaine), sa force qu’il prouva aux soldats en enfonçant un clou dans le mur de la baraque, la douceur qu’il montrait envers ses compagnons, sa capacité, extraordinaire pour eux, de rester assis, immobile, sans rien faire ni penser, — Pierre se présentait aux soldats comme un être un peu mystérieux et supérieur. Ces mêmes qualités, qui étaient une gêne pour lui dans le monde où il vivait auparavant — la force, le mépris des commodités de la vie, la distraction, la simplicité — ici, parmi ces hommes, faisaient presque de lui un héros. Et Pierre se sentait lié par cette opinion.